« Les inégalités extrêmes sont hors de contrôle dans le monde. Nous voyons les plus fortunés qui s’emparent de la richesse et les défavorisés qui s’enfoncent dans le dénuement. » Tellement courant depuis des décennies, un diagnostic du genre, tiré du rapport annuel (2019) d’OXFAM International, au lieu d’étonner et de secouer, ne fait souvent qu’aiguiser un vaste sentiment d’impuissance. Au-delà des formules abstraites, le choc des statistiques se fait plus incisif : 26 milliardaires bien identifiés ont désormais entre leurs mains autant d’argent que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Décidément, richesses et pauvretés perdurent comme l’une des questions les plus urgentes à considérer.
Qu’ont-ils donc à dire d’essentiel, qui soit pertinent dans une telle conjoncture, ces croyants et croyantes pour qui l’Évangile constitue une référence majeure ? En accordant la priorité aux pauvres, comme le souligne l’évangile de Luc en particulier, Jésus a-t-il condamné la richesse et exclu les riches du Royaume qu’il annonçait ? L’Évangile béatifie-t-il la condition socio-économique de pauvreté ? S’il ne faut pas attendre de lui des solutions techniques à la situation complexe et problématique d’aujourd’hui, qu’en est-il de son apport au niveau des attitudes humaines fondamentales?