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Débuter, commencer, ouvrir… l’année!
mardi 06 septembre 2016« Débuter »? Le verbe dit seulement, selon son étymologie, quitter un lieu, un poste. Cela dit partir. Pas plus. Débuter une année universitaire signalerait alors simplement ce qui avait été un but… pour aller vers un autre. Ainsi, nous quittons le temps estival des vacances pour entrer dans une période où nous nous retrouverons à l’université, dans le temps des universitaires! Drôle de temporalité en ce lieu, je puis vous en assurer! Mais je crois fermement que quitter les canicules et même les vacances pour ce qui peut survenir pendant l’année universitaire vaut le départ. Que de choses intéressantes, de lectures enrichissantes, d’événements surprenants peuvent survenir en cours d’année! Et tout est loin de se passer dans les nuages et la stratosphère conceptuelle, croyez-moi…
« Commencer »? Avec ce verbe, il s’agit moins de partir en quittant quelque chose que d’entrer dans une expérience. Dans commencer, à l’origine, il y avait l’idée d’une initiation. Et qui dit initiation ne dit pas seulement recevoir un enseignement et être soumis à l’apprentissage de nouveautés porteuses d’une aura de vérité. Initier dit aussi un parcours qui transforme, qui fait vivre, sentir et penser autrement! Être initié, avec d’autres, par d’autres : vivre l’expérience universitaire n’est pas quelque chose de solitaire qui coupe du monde. L’expérience universitaire vous transforme pour voir et vivre le monde différemment, intensément.
Enfin, « ouvrir »? Ce verbe implique que quelque chose était fermé ou voilé et qu’il est possible de l’ouvrir, de le dévoiler : un esprit, un horizon! Ouvrir, c’est aussi découvrir et, dans le cours d’une année universitaire, les découvertes abondent : on y découvre des gens, des idées, des pratiques insoupçonnées! Le verbe « ouvrir » implique aussi, dans ses racines latines, l’idée de creuser, d’aller en profondeur, de ne pas en rester en surface. Pendant l’année universitaire, il est certain – tant pour les professeurs que pour les étudiants et étudiantes – qu’il reste encore et toujours des idées à approfondir, des arguments et des propositions dans lesquels plonger. Difficile, en tous les cas de se satisfaire de rester sur place avec des opinions toutes faites.
Commencez donc par vous laisser surprendre et émerveiller! Puis creusez de manière critique ce qui vous sera offert… Qui sait où ce début vous mènera? Qui sait ce qui s’ouvrira à vous?
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Fugues, fuites...refuges
vendredi 16 octobre 2015Fugues, fuites...refuges
Au cours de nos vies, grâce à diverses stratégies, nous parvenons à fuir, mieux, nous nous faisons croire que nous avons fui certains souvenirs pénibles. Certains jours nous fuyons des personnes, des lieux, des activités. Mais en gros, ces fugues et ces fuites, sont passagères, intermittentes; elles ont peu d’impact sur nos vies et nos rapports aux autres. Un peu de psychothérapie, quelques manigances sociales et le tour est joué!
Cependant, ailleurs dans le monde, des personnes n’ont pas le luxe de ces petites stratégies. Les conditions sociales et politiques dans leurs pays les empêchent de vivre. Elles mourraient d’y demeurer. Elles les fuient. Elles prennent les chemins qui se présentent à elles. Pas ou très peu de temps pour des stratégies, sinon celles pour survivre dans des conditions mortifères. Elles fuient vers ce qui leur semble des havres de paix, vers là où des opportunités se présentent.
Elles fuient. Elles espèrent trouver refuge à quelque part. Elles cherchent un lieu pour vivre, pour revivre, pour ne pas avoir à revivre indéfiniment enfermées dans leurs traumatismes… pour ne pas mourir.
Mais encore faut-il qu’elles trouvent de ces lieux, de ces asiles!
Aujourd’hui, on parle de milliers de migrants cherchant refuge! L’occident a aisément (sic) contribué à confectionner des « camps de réfugiés » au loin, ailleurs. Aujourd’hui, les personnes qui quêtent asile le font tout proche. Elles sautent les clôtures et se retrouvent auprès de nous. Ce « nous », diraient d’aucuns, n’est pas encore nord-américain, il demeure européen! S’il le devenait, quels discours entendrions-nous? Quels gestes - impensables, peut-être, lorsqu’un océan nous sépare des gens qui fuient la violence – verrions-nous surgir?
Quelles réactions vives en paroles et en actes auraient lieu ici, chez nous, à nos ports? De grands gestes de solidarité s’organiseraient, certainement. Cela est réjouissant et bienvenu. Et déjà des initiatives personnelles, sociales et politiques ont lieu. Suffiraient-elles? Probablement pas! Un engagement citoyen, politique, de longue haleine, pour de la justice est nécessaire… sans que ce qui serait juste soit clair encore. Cet engagement irait-il de soi? Non pas. Y aurait-il des résistances, des réticences? Certainement. On peut le déplorer ou pas. Peu importe. Il y aurait à faire par-delà peurs et enthousiasmes superficiels ou viscéraux!
Imaginez une catastrophe écologique liée à un défaut d’un oléoduc dans la région de Montréal ou de Toronto et que les gens de ces villes se réfugient à Ottawa! Imaginez que la population d’Edmonton doive se réfugier à Calgary ou à Regina, sans préavis! Comment réagirions-nous? Cette population chercherait refuge, demanderait d’être accueillie… Quelle différence avec d’autres groupes, avec des « étrangers »? Un bri mécanique, une défaillance technique est une chose grave. Mais la planification de morts pour des raisons politiciennes, religieuses ou autres est autrement grave! Il n’est plus temps d’imaginer, la réalité nous rattrape déjà! Il ne faudrait pas la fuir.