Journée internationale de la philosophie | Collège universitaire dominicain

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Journée internationale de la philosophie

jeudi, 20 Novembre 2014

By Maxime Allard O.P.

 

Il y a la journée de la bière, celle du chocolat. Il y a la journée des femmes, celle des mères, des pères, des grands-parents. Puis il y a la journée de la philosophie!

Socrate en aurait été étonné et aurait passé cette journée à demander à ses compatriotes « qu’est-ce que la philosophie »? Thomas d’Aquin aurait profité de l’occasion pour intensifier son travail de commentateur d’Aristote. Descartes aurait passé la journée à correspondre avec des gens du monde entier sur les problèmes de mathématiques, de métaphysique ou de médecine. Spinoza, occupé à polir des verres ou à la rédaction de scholies pour l’Éthique, n’aurait pas vu la journée passé. Mersenne aurait été débordé ce jour-là! Leibniz, Kant et les philosophes de Lumières se mordent probablement les doigts de ne pas y avoir pensé! Car quelle belle occasion d’appeler à la réflexion critique et citoyenne. Hegel aurait spéculé sur l’opportunité d’une journée et aurait pu montrer qu’en elle l’Esprit se manifeste sans recourir aux représentations! Et que dire des plus récents philosophes? Je ne crois pas que Wittgenstein ait été intéressé par une telle célébration et sa prise en charge médiatique. Adorno aurait eu peur que la philosophie puisse être transformée en bien de consommation pour les masses! Les philosophes vivants? Ils donnent probablement des conférences ce jour-ci!

Il n’y a jamais eu autant de forums de philosophie, de livres, de conférences et de colloques, d’hommes et de femmes engagés dans des facultés et départements de philosophie! Il y a de quoi se réjouir. En Ontario, des cours sont désormais offerts en douzième année dans plusieurs écoles. Au Québec, régulièrement, comme un spectre, l’idée de retirer la philosophie des CEGEPS réapparaît! Heureusement, le passage à l’acte n’a pas eu lieu!

Ce qui compte, c’est que la philosophie et son patient travail pour reformuler de manière critique les questions qui hantent et taraudent les humains soient reconnus. Mais cette reconnaissance n’est jamais assurée : des gouvernements auront toujours peur des mises en question philosophiques; des individus et des groupes préféreront toujours jouer à l’autruche plutôt que d’accepter que leurs illusions soient démontées, exposées pour ce qu’elles sont; des religieux auront toujours peur des effets du travail de la raison pour leurs croyances et leurs gestions du sacré!

Ce qui compte, enfin, c’est le plaisir que des hommes et des femmes prennent à initier des jeunes et des moins jeunes à la philosophie et leur en donnent le goût! Goût de la question. Goût de la quête. Goût de recevoir des idées stimulantes, irritantes ou fascinantes, dans des textes qui ne relèvent pas de la pensée toute faite, des impératifs du 140 caractères et du slogan rassurant!